Rapport d'enquête sur une collision entre un autocar et un poids-lourd

Article publié sur transbus.org le par Olivier Meyer

Autocar sur une autoroute (image d'illustration)
Autocar sur une autoroute (image d'illustration)
Autoroute

Le jeudi 27 mai 2021, sur l'autoroute A62, un autocar transportant 11 passagers avait percuté l'arrière d'un poids-lourd. Le camion, en panne, était à l'arrêt sur la bande d'arrêt d'urgence avec la carrosserie dépassant en partie sur la voie de droite. Le bilan était de 3 blessés graves et 9 blessés légers dont la conductrice de l'autocar.

Suite à cet accident, le directeur du bureau d'enquêtes sur les accidents de transport terrestre a décidé d'ouvrir une enquête technique. Le rapport vient d'être publié sur le site internet du BEA-TT. Ce document détaille le contexte, analyse le déroulement de l'accident ainsi que les causes et facteurs associés, et émet plusieurs recommandations.

Contexte

L'autocar concerné, de type Irizar i6s, effectuait la ligne longue distance BlaBlaCar entre Nice et Bordeaux. Il était exploité par la société Verdié Autocars. Au moment des faits, le car circulait sur l'autoroute A62 sur la commune du Mas-d'Agenais (47), en direction de Bordeaux. La conductrice utilisait le régulateur de vitesse activé à 100 km/h. Elle a percuté à cette vitesse un camion en panne immobilisé sur la bande d'arrêt d'urgence, mais empiétant sur la voie de circulation. L'accident a eu lieu avant l'arrivée du patrouilleur autoroutier pour mettre le camion en protection.

Analyse

Les enquêteurs du BEA-TT se sont interrogés sur la cause de la non-perception par la conductrice de l'autocar, du camion empiétant sur sa voie de circulation.

Ils ont étudié les conditions météorologiques, et ont analysé les téléphones portables des conducteurs et le chronotachygraphe des véhicules, sans y trouver d'anomalie.

Ils ont aussi constaté que le système de freinage automatique d'urgence (AEBS - Advanced Emergency Braking System), pourtant en fonctionnement, ne s'est pas activé à l'approche du camion en panne. Ce dispositif, constitué d'un équipement radar, est obligatoire depuis plusieurs années sur les autocars. Bien que conforme à la réglementation, ce système n'a pas détecté l'arrière du camion, d'une surface de 3,25 m² mais ajourée, et désaxé par rapport à la voie de circulation de l'autocar.

Recommandations

Pour éviter qu'un accident de ce type survienne à nouveau, le BEA-TT demande aux autorités d'introduire dans le règlement CEE-ONU R131 des exigences minimales de performances du système AEBS dans des conditions se rapprochant autant que possible de configurations réelles, en zone urbaine comme en zone inter-urbaine.

En plus de cette recommandation technique, le BEA-TT souhaite que les constructeurs informent les conducteurs des limites de performances du système de freinage automatique d'urgence.

Il invite aussi la Délégation à la sécurité routière (DSR) à renforcer la formation des conducteurs de véhicules lourds sur les risques d'hypovigilance ou de manque d'attention liés à la conduite au régulateur de vitesse et/ou à une mauvaise hygiène de vie. Le BEA-TT indique que lors de ces formations, la responsabilité du conducteur devra être soulignée : le conducteur doit constamment rester vigilant car les assistances à la conduite telles que le freinage d'urgence automatique, ne sont efficaces et opérationnelles que dans des circonstances particulières.

En complément, le BEA-TT invite les organisations professionnelles de transport de voyageurs et de marchandises à rappeler à leurs adhérents les risques et les responsabilités associées.

Le BEA-TT recommande aussi aux exploitants des autoroutes de poursuivre et de renforcer les actions d'information des usagers de l'autoroute de la règle dite du « corridor de sécurité ».

Les exploitants des autoroutes doivent passer des conventions avec les prestataires de services de navigation (Google, Waze, Coyote, TomTom) pour qu'ils puissent diffuser des alertes relatives à la sécurité routière. Celles-ci devront faire l'objet d'un signalement aux conducteurs distinct de celles émises par les autres usagers. Un deuxième signalement visuel et sonore sur l'interface de navigation devra être adressé aux conducteurs quand ils s'approchent de la zone de l'évènement.

Enfin, le BEA-TT recommande aux prestataires de services de navigation de permettre aux conducteurs d'émettre des alertes en temps réel sur des évènements qu'ils rencontrent.

S'abonner
Partager cet article :

À lire aussi dans l'actualité des transports en commun…

transbus.org sur Twitter