Bus et cars : la balance commerciale française largement déficitaire en 2022

Article publié sur transbus.org le par Olivier Meyer

Autobus Iveco de 2022 : Origine France Garantie
Autobus Iveco de 2022 : Origine France Garantie
Bus Heuliez

En France, l'année dernière un peu plus de 6 000 bus et cars neufs ont été immatriculés. Il s'agit d'un marché de l'ordre de 1,5 milliard d'euros HT. Les véhicules concernés sont très variés, allant du minibus à l'autocar de grand tourisme à étage. Les immatriculations d'autobus en France représentent un peu moins de 30 % du volume de véhicules de transport en commun de personnes mais près de 44 % en valeur. Cet écart est expliqué par le prix des bus qui est en moyenne supérieur à celui des autocars, d'autant plus que la transition énergétique est plus avancée dans le segment des bus que pour les autocars. En effet, le prix des véhicules fonctionnant au gaz naturel ou à l'électricité (batterie et/ou pile à combustible) est également plus élevé que pour ceux fonctionnant au gazole.

Un volume de production en France insuffisant

La production de véhicules de transport en commun de personnes dans les usines situées en France a été d'environ 2 400 unités en 2022. L'écart entre la production et les immatriculations est donc de plus de 3 700 véhicules.

Les usines françaises produisent désormais exclusivement des autobus de 6 à 18 mètres. Il n'y a plus d'autocars fabriqués en France.

Ces usines sont celles des constructeurs Iveco Bus (Annonay, Ardèche et Rorthais, Deux-Sèvres), Daimler Buses France (Ligny-en-Barrois, Meuse), Bluebus (Ergué-Gabéric, Finistère), Alstom Aptis (Hangenbieten, Bas-Rhin) et Safra (Albi, Tarn). Le carrossier Dietrich Véhicules aménage des minibus diesel en Alsace (quelques dizaines par an) sur la base de fourgons Mercedes-Benz Sprinter.

Le processus de production n'est pas identique pour chaque constructeur. Certaines usines assemblent complètement les véhicules, d'autres effectuent l'assemblage à partir de structures et de composants importés. La certification Origine France Garantie est attribuée aux véhicules dont au moins 50 % du prix de revient unitaire du produit est acquis en France ou si leurs caractéristiques essentielles sont acquises en France.

Les usines produisent en France des autobus à forte valeur ajoutée, au cahier des charges propre à chaque client. En revanche, l'importation concerne des véhicules de gammes très hétérogènes.

Les autobus produits dans l'Hexagone sont destinés au marché français pour un peu plus de 51 % d'entre-eux. Les autres sont exportés. En 2022, des bus assemblés en France ont été exportés en Allemagne, en Italie, en Espagne, à Monaco, en Suisse, au Liban…

Du fait des exportations, les importations sont bien supérieures à la simple différence entre la production en France et les immatriculations totales.

Importation massive d'autocars

Comme la France ne produit pas d'autocars, elle en a importé près de 4 300 exemplaires en 2022 pour son marché intérieur. Ces autocars viennent principalement de Tchéquie (modèle Crossway d'Iveco), de Turquie (marques MAN, Otokar, Temsa, Isuzu…) et d'Espagne (Irizar). Les minicars viennent principalement d'Espagne, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne, de Roumanie et de Turquie.

À noter qu'un peu moins de 30 % des autobus sont importés. Ils viennent principalement de Turquie (MAN Lion's City, Isuzu Novociti Life / Citiport, Mercedes-Benz Conecto, Karsan eJest…), d'Allemagne (Mercedes-Benz eCitaro) et de Pologne (Scania Citywide, Solaris Urbino et Volvo 7900).

Les statistiques nationales du commerce extérieur publiées par la direction générale des Douanes et des Droits Indirects détaillent les importations et les exportations de bus et cars en nombre, masse et en valeur. Certains véhicules neufs sont importés en France pour être réexportés. C'est, par exemple, le cas d'une série de midibus électriques Karsan eAtak vendus au Luxembourg par HCI, la société qui commercialise les véhicules Karsan en France, en Belgique et au Luxembourg.

Une tendance durable ?

Plusieurs constructeurs ont annoncé le développement de leurs usines existantes ou l'implantation d'usines en France.

Iveco a indiqué en mars 2023 que la production de bus électriques va doubler d'ici 2026 dans l'usine Heuliez Bus à Rorthais. L'usine Iveco d'Annonay doit aussi évoluer pour produire des bus électriques, mais elle a cessé la production d'autocars.

Daimler Buses France a annoncé en avril 2023 le réaménagement et l'extension de son usine de Ligny-en-Barrois pour produire l'autobus électrique Mercedes-Benz eCitaro.

Safra est en train d'étendre son site d'Albi pour produire des bus à hydrogène. Mais Alstom a cessé la production de son autobus électrique Aptis.

Le constructeur néerlandais Ebusco est en train d'aménager une usine sur le territoire de la Métropole Rouen Normandie. En 2024, Ebusco devrait produire des autobus électriques à batteries dans cette usine, à la fois pour le marché français et pour l'export.

Sur le marché de l'autobus, ce sont principalement les commandes publiques qui dictent l'avenir des sites industriels situés en France. En 2022, 71 % des bus immatriculés en France ont été produits en France.

En revanche, il est peu probable qu'on retrouve en France des productions d'autocars en raison de la forte pression sur les prix.

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