Silencieux et non polluants localement, les bus électriques ont des avantages sur leurs homologues à moteur thermique. Mi-2022, on dénombre environ 1000 bus électriques (hors minibus) exploités dans 40 réseaux de transport public en France.
Une page est dédiée aux minibus électriques. Les contraintes d'exploitation ne sont pas du tout les mêmes entre un minibus et des autobus de 12 à 24 mètres. Pour les véhicules d'un grand gabarit, des infrastructures spécifiques sont nécessaires.
La mise œuvre de bus électriques sur un réseau de transport public nécessite des études afin d'identifier les meilleures solutions. Les diagnostics à effectuer portent sur les lignes (distance, amplitude de fonctionnement, terminus…) et sur les dépôts (alimentation électrique, atelier…).
En juillet 2020, l'ADEME a lancé un Appel à Manifestation d'Intérêt (AMI) "Buselec 2020" pour financer des études de faisabilité d'exploitation de bus électriques.
Plusieurs équipementiers ont développé des chaînes de traction électriques pour autobus :
Les moteurs électriques sont parfois positionnés dans le moyeu des roues ou en position centrale. Sur les autobus articulés, les deux essieux arrières peuvent être motorisés.
Ces moteurs ont la capacité de récupérer de l'énergie lors du freinage.
Plusieurs packs de batteries sont embarqués à bord des bus électriques. Pour un bus standard, la consommation est de l'ordre de 0,75 à 1,5 kWh/km selon les conditions de conduite et la topographie.
Les constructeurs Ebusco et VDL ont positionnés les batteries dans le plancher. Cette configuration permet d'abaisser le centre de gravité du bus.
Certains constructeurs, comme Bluebus, Iveco ou bien encore MAN ont développé leurs propres batteries. D'autres achètent les batteries à des fournisseurs comme CATL ou Forsee Power.
Les batteries ont une durée de vie estimée à environ 8 à 10 ans (la moitié de la durée d'exploitation d'un bus). La question de leur recyclage est donc à prendre en compte. Les conducteurs étudient avec les fournisseurs de batteries des solutions de réemploi (ex : usage statique).
Pour l'aménagement des dépôts, le texte de référence est l'arrêté du 3 août 2018 relatif aux prescriptions générales applicables aux ateliers de charge contenant au moins 10 véhicules de transport en commun de catégorie M2 ou M3 fonctionnant grâce à l'énergie électrique et soumis à déclaration sous la rubrique n°2925 de la nomenclature des installations classées pour la protection de l'environnement.
La charge lente au dépôt est la méthode la plus courante. Le temps de recharge dépend de la puissance de la borne. Une durée de de 4 à 6 heures est nécessaire pour obtenir une charge complète des batteries. Ce type de recharge est généralement effectué une fois par jour (souvent de nuit). Un complément de charge peut être effectué en journée si les bus reviennent au dépôt.
Plusieurs équipementiers commercialisent des chargeurs (ABB, IER, Keywatt 50 de IES Synergy, Comeca, Heliox, Ekoenergetyka, Kempower…). Il existe des différentes puissances (50 kW, 100 kW DC...).
L'entreprise polonnaise Ekoenergetyka a équipé les dépôts de la RATP avec plus de 1000 bornes opérationnelles en 2024. L'entreprise va également installer des bornes dans les dépôts de la RTM à Marseille.
Certains chargeurs peuvent alimenter plusieurs bornes de recharge.
Plusieurs solutions techniques existent pour le rechargement : connexion manuelle du câble de recharge, système avec un pantographe (sur le bus ou sur le totem). Les prises de recharge sont normalisées (Combo2).
Un standard de communication commun aux véhicules et aux bornes de recharge a été publié par l'Open Charge Alliance : OCPP (Open Charge Point Protocol).
Des solutions de supervision de la charge existent pour optimiser la consommation électrique, recharger au meilleur moment (smart charging) et s'assurer de ne pas dépasser la limite de puissance (ex : PSI Transcom GmbH, ChargePoint…).
Les solutions de rechargement des autobus électriques sont en train d'évoluer. Il devient possible de recharger rapidement les batteries ou les supercapacités à certains arrêts ou au terminus (durant le temps de battement).
Ces systèmes permettent de diminuer le poids des batteries embarquées, ce qui permet d'avoir des véhicules moins lourds pouvant transporter plus de passagers.
Les industriels ABB E-mobility, Ekoenergetyka, Heliox et Siemens proposent des systèmes de charge par pantographe. Plusieurs industriels se sont regroupés sous l'impulsion de Volvo Bus Corporation pour définir la norme OppCharge pour le rechargement par pantographe inversé.
La RATP a testé la recharge par pantographe avec des autobus de 12 mètres, mais a jugé l'expérience peu concluante.
En France, il existe des recharges par pantographe à Amiens, Bayonne, Brest (2 totems), Nantes, Nice et Rennes (pantographes ascendants Schunk).
En 2023, Transdev a mis en service une flotte de 18 bus articulés électriques sur la ligne Nice-Menton. Trois pantographes ABB (puissance 300 kW) ont été installé, deux au niveau du terminus "Square Normandie Niemen" à Nice et le troisième à la gare routière de Menton.
Le système SRS (static recharging system) d'Alstom Transport permet la recharge par contact au sol. Le positionnement au sol ne nécessite donc pas d'infrastructures en hauteur. Cette technologie est dérivée de l'APS utilisé sur certains tramways Alstom Citadis. Elle sera installée sur deux lignes TZen en Île-de-France (autobus bi-articulés Van Hool).
En 2014, PVI a expérimenté WATT System, une technologie permettant une recharge rapide des supercapacités situées à bord du bus. Un GX 327 équipé de ce système a circulé quelques mois en 2014 sur l'aéroport de Nice.
En 2015, Bolloré a produit un système similaire pour son Bluetram. Les autobus Bluebus peuvent être équipés pour être rechargés aux terminus.
Hitachi Energy commercialise le système Grid-eMotion Flash (ex-TOSA). Cette technologie a été retenue par Nantes et Clermont-Ferrand. Elle permet de recharger aux arrêts en 20 secondes des batteries d'une capacité allant de 70 à 130 kWh.
Des solutions informatiques existent pour superviser les flottes de bus électriques et piloter les bornes. Grâce à un boîtier embarqué, ces outils monitorent la charge des bus pour qu'ils soient en mesure d'assurer le service aux voyageurs puis de rentrer au dépôt.
Plusieurs sociétés ont développé une expertise dans ce domaine, comme par exemple, la société française Comeca ou l'entreprise néerlandaise Viriciti (rachetée par ChargePoint en 2021).
Le smart charging est une technologie de pilotage de la recharge qui peut permettre de privilégier la recharge aux moments où l'électricité est la moins chère, tout en garantissant le niveau de recharge nécessaire à l'exploitation.
La RATP a mené des expérimentations avec Dreev, une co-entreprise entre EDF et la start-up californienne NUVVE.
À l'avenir, la technologie Vehicle-To-Grid (V2G) va permettre de renvoyer dans le réseau l'énergie stockée dans la batterie. Elle nécessite des chargeurs équipés avec un module bi-directionnel.
Des habilitations sont requises pour permettre au personnel de travailler sur les équipements électriques (haute et basse tension).
Le réaménagement des ateliers de maintenance est nécessaire avec l'ajout de passerelles adaptées au travail du personnel sur le toit des bus où sont situées les batteries.
Dans les années 2010, les autobus électriques étaient surtout des minibus et midibus. Le poids des batteries rendait difficile la conception d'autobus standards électriques. Désormais, les constructeurs commercialisent des autobus électriques de toutes tailles. En France, les premiers autobus articulés électriques à batteries ont été immatriculés fin 2018.
Liste des véhicules électriques actuellement commercialisés et ayant au moins un exemplaire en circulation en France (hors minibus électriques) :
Détail des bus électriques à batteries en circulation ou en commande en France (hors minibus électriques) :
Pour convaincre élus et transporteurs, les constructeurs présentent leurs véhicules dans toute la France.
Depuis 2015, la RATP teste plusieurs modèles de bus électriques dans le cadre d'une expérimentation. A Lyon le SYTRAL a démarré en juin 2016 des essais de 7 modèles différents.
Le prix d'un bus électrique est encore plus du double de celui d'un bus thermique Euro 6. Des subventions existent pour inciter collectivités et entreprises à acquérir des bus électriques et à adapter les dépôts (travaux d'électrification). Le programme MoéBus bénéficie de 36 millions d'euros financés par les fournisseurs d'énergie dans le cadre des certificats d'économies d'énergie (CEE). Seuls les bus avec au moins 60% d'assemblage en Europe des pièces principales sont éligibles aides financières MoéBus. Ce programme a été lancé en janvier 2019 et devrait se terminer en décembre 2021 (objectif : 500 bus électriques et 50 dépôts).
La Banque des Territoires propose des prêts aux collectivités pour le verdissement des flottes de bus et ainsi accélérer la mise en œuvre de la transition énergétique. La plateforme "bus propres", lancée en janvier 2021, a été dotée d'une enveloppe de 200 millions d'euros.
Cette possibilité de retrofit a été introduite par l'Arrêté du 13 mars 2020 relatif aux conditions de transformation des véhicules à motorisation thermique en motorisation électrique à batterie ou à pile à combustible.
Plusieurs projets de transformation d'anciens bus diesel en bus électriques sont en cours en France.
Dans le cadre du projet Green-eBus de la société GreenMot, un démonstrateur doit être mis au point à partir d'un autobus Iveco Urbanway du Sytral (Lyon). La société développe un kit qui pourrait ensuite être installé sur d'autres autobus du même type. Les batteries seront installées à l'arrière, l'autonomie envisagée est de 200 km entre deux recharges.
En mars 2022, la société française REV Mobilities a annoncé un partenariat avec l'entreprise allemande pepper motion GmbH pour commercialiser des kits de retrofit pour autobus diesel Mercedes-Benz Citaro (C1 et C2) et MAN Lion's City.
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