Transition énergétique : des bus d'occasion pour temporiser ?

Article publié sur transbus.org le par Olivier Meyer

Autobus ex-RATP sur le réseau Bibus à Brest
Autobus ex-RATP sur le réseau Bibus à Brest
Autobus d'occasion

Depuis le 1er janvier 2020, l'achat ou le renouvellement des matériels roulants doit respecter une proportion minimale de 50% de véhicules à faibles émissions. Toutefois, la transition énergétique dans les réseaux de transport public prend parfois plus de temps que prévu. Entre les décisions politiques et la mise en œuvre réelle, il peut s'écouler parfois plusieurs années.

Lorsqu'une stratégie est définie, l'aménagement des dépôts et éventuellement des lignes prend du temps et les délais de livraison des véhicules sont souvent longs. On observe une légère augmentation de l'âge moyen des flottes d'autobus. Certains véhicules atteignent 19, 20 ou parfois 21 ans et affichent des kilométrages de plus de 750 000 kilomètres. Dans les métropoles où il existe une Zone à Faibles Émissions mobilité (ZFEm), il arrive que des bus classés Crit'Air 4 ou 5 circulent sous couvert d'une dérogation temporaire.

Les collectivités ont parfois arrêté d'acheter des bus diesel depuis déjà plusieurs années. Elles ne souhaitent donc pas remplacer les véhicules en fin de vie par des bus neufs à motorisation diesel. Une solution de transition peut être l'acquisition de quelques autobus d'occasion. Une flotte tampon de bus d'occasion peut permettre d'attendre la livraison d'autobus propres neufs tout en rajeunissant le parc et en diminuant les émissions de polluants en remplaçant des bus Euro 3 par des bus Euro 4 ou 5.

Les stratégies de renouvellement des flottes pourraient parfois être revues en raison de l'évolution du prix des énergies, décalant d'autant plus les livraisons de nouveaux autobus. L'achat de bus d'occasion dans quelques réseaux devrait donc se poursuivre. Cependant, cette nouvelle tendance reste minime à l'échelle des 29 000 autobus en circulation en France.

Un marché de l'occasion tendu

Certains réseaux réforment toutefois des véhicules parfois dès l'âge de 11 ans, souvent 15 ans. Ces autobus arrivent sur le marché de l'occasion : c'est une aubaine pour les réseaux de transport public qui souhaitent rajeunir une partie de leur flotte. Mais l'offre est faible et ne correspond pas toujours aux caractéristiques demandées par les acheteurs (marque, nombre de portes, climatisation, kilométrage…). Les réseaux qui revendent des bus d'occasion sont principalement la RATP, Lyon, Nice, Toulouse et plus récemment Marseille.

Des bus d'occasion ont été mis en service récemment dans plusieurs réseaux, comme par exemple à Dijon, à Rouen, à Brest, à Calais ou bien encore à Bayonne et à Amiens pour des raisons très différentes. L'intégration de ces bus dans les parcs existants nécessite une mise à niveau plus ou moins poussée : peinture, installation des équipements embarqués…

Dijon : en attendant l'hydrogène

À Dijon, un renouvellement partiel sur 3 ans (à partir de 2019) a été effectué avec l'acquisition de 64 matériels roulants d'occasion (Irisbus Citelis 12, Irisbus Citelis 18, Heuliez Bus GX337 HYB, Heuliez Bus GX427 HYB…).

Cette flotte permet de remplacer les bus les plus anciens du réseau Divia en attendant la conversion du parc à l'hydrogène. Les 27 premiers bus à hydrogène sont prévus en 2023.

Rouen : en attendant les bus électriques et à hydrogène

À la rentrée 2022, sur le territoire de la Métropole Rouen Normandie, l'offre de transport du réseau Astuce a été augmentée, nécessitant un nombre supérieur de véhicules. Des bus d'occasion de 2007 et 2008 (Irisbus Citelis, Heuliez GX 327…) sont venus renforcer le parc.

En parallèle, la Métropole Rouen Normandie poursuit la réception d'autobus électriques Heuliez Bus GX337 E. Elle a aussi commandé 11 bus Van Hool à hydrogène en mars 2021 et 4 Ebusco 2.2 en février 2022, avec une option d'achat pour 76 Ebusco 3.0 articulés. Ces bus pourraient être livrés de 2023 à 2026. La collectivité a également décidé de rétrofiter 49 bus et cars diesel en véhicules électriques à batteries.

Brest : en attendant des bus électriques

Le réseau Bibus de Brest Métropole est exploité par RD Brest, filiale de RATP Dev. Le délégataire vient d'acheter une série d'autobus articulés MAN Lion's City G issus de la flotte de la RATP. Mis en service en 2010, ils remplacent des autobus Mercedes Citaro G de 2001 et 2002.

La collectivité a engagé le renouvellement du parc avec des bus électriques de 12 et 18 mètres. Les transporteurs affrétés ont débuté la transition énergétique avec l'acquisition de 3 autobus fonctionnant au gaz naturel.

Calais : stratégie à définir

Huit autobus articulés Irisbus Citelis 18 de 2005 et 2006 ex-TCL (Lyon) sont arrivés en 2021 et 2022 à Calais. Ces autobus permettent de renouveler une partie du parc du réseau Imag'in en attendant la définition de la stratégie pour l'avenir.

À ce titre, Calais Promotion vient de publier un appel d'offres concernant une étude comparative multi-carburants pour la conversion des flottes de transport de l'agglomération Grand Calais Terres & Mers.

Amiens et Bayonne : durant des travaux sur des bus électriques

Ces deux réseaux exploitent des bus articulés électriques Irizar ie tram. Ces autobus font l'objet d'une campagne de rappel par le constructeur, ils retournent un à un à l'usine en Espagne pour être révisés. Durant leur absence, Irizar met à disposition quelques autobus diesel en compensation : MAN Lion's City G ex-RATP (2009) à Amiens, Irisbus Citelis 18 (2007 et 2008) et Heuliez GX 337 (2015) à Bayonne.

Île-de-France : gestion de parc à l'échelle régionale

Île-de-France mobilités s'est donné pour objectif d'avoir 100 % de véhicules propres en 2025 en zones urbaines denses, et en 2029 pour l'ensemble de la région. Lors de la conversion des centres opérationnels bus (COB) à des énergies alternatives (électricité ou biogaz), les autobus diesel de moins de 15 ans sont transférés dans d'autres COB de la région où ils permettent de réformer des bus plus anciens. Les COB qui exploitent uniquement des bus diesel sont actuellement ceux où la moyenne d'âge est la plus élevée. Cette gestion du parc est pilotée par Île-de-France mobilités.


Une conférence intitulée « Comment les AO peuvent-elles accélérer la transition énergétique des parcs ? » aura lieu le mercredi 23 novembre 2022 à Nice à l'occasion des Journées AGIR.

Le GART a récemment rappelé à ses adhérents qu'une disposition de la loi d'orientation des mobilités rend obligatoire la publication des données de renouvellement des flottes de véhicules par les acteurs publics et privés soumis aux obligations d'incorporation de véhicules à faibles émissions.

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