Autobus articulés

Pour augmenter la capacité des autobus, on peut les étendre en longueur et/ou en hauteur. En hauteur, les bus à étage se révèlent assez peu adaptés au service urbain, ils sont en revanche appréciés comme bus touristiques. Le code de la route autorise pour un autobus rigide jusqu'à 15 mètres de longueur (avec 3 essieux). Mais cette dimension pose des problèmes d'insertion dans les centres-villes en raison de l'empattement très important.

L'autobus articulé est la solution à ces difficultés. Il peut mesurer jusqu'à 18,75 mètres et son articulation lui permet de circuler presque aussi facilement qu'un autobus standard.

Vue sur le soufflet de l'articulation d'un autobus articulé
Vue sur le soufflet de l'articulation d'un autobus articulé de 2003.

La plupart de ces bus mesurent 18 mètres de long. Ils peuvent transporter plus de 150 passagers dont 35 à 50 assis. Ils sont équipés de 3 ou 4 portes d'accès. Les bus articulés les plus longs sont les MAN Lion's City GL qui circulent sur la ligne RATP Roissybus (18,75 m).

Historique du bus articulé

En France, l'histoire des bus articulés débute avec les Berliet PH 12/180. Le prototype est présenté en juillet 1963. Les premiers exemplaires de série ont été mis en service en 1967 sur la ligne 7 à Lyon. Pour l'administration, la partie avant et la remorque, bien que solidaires, constituaient deux véhicules distincts. Ces bus articulés Berliet avaient donc deux plaques d'immatriculation différentes : une pour la partie avant et une pour la remorque.

En 1975, le constructeur allemand SETRA effectue une tournée de démonstration en France avec son SG 180. Ce bus sera vendu aux Cars Lacroix, à Brest, Lorient, Caen et Nantes de 1977 à 1980.

A la fin des années 70, Saviem et MAN ont collaboré pour commercialiser en France le SG220. Une centaine d'entre-eux vont circuler, essentiellement à Rennes, Caen, Grenoble et Orléans.

Tous ces bus sont des articulés tireurs. Le moteur est placé dans la partie avant. A l'arrière, la remorque n'est pas motorisée, elle est simplement tractée.

En 1978, Heuliez Bus sort l'autobus articulé pousseur O305 G. Assemblé en France sur un châssis Mercedes-Benz, son moteur est positionné à l'arrière. L'autobus articulé contemporain est né. Le système d'articulation est plus complexe que sur les autobus articulés tireurs.

O 305 G à Poitiers
Autobus Heuliez O 305 G de 1983 à Poitiers (2001).

RVI réagit en 1980 et lance le PR180, concurrent direct du O305G. Cet autobus sera produit jusqu'en 1996 (PR118).

La collaboration entre Heuliez Bus et Mercedes-Benz est remplacée en 1984 par un partenariat avec RVI. Heuliez Bus lance alors le GX187, un bus articulé assemblé sur le même châssis que le PR180.

En France, Mercedes-Benz commercialise directement ses autobus articulés O 405 G à partir de 1990. La version à plancher bas O 405 GN est produite à partir de 1993.

En 1993, Mercedes-Benz et Van Hool sont les deux premiers constructeurs à livrer en France des bus articulés à plancher bas. Ils seront concurrencés à partir de 1994 par MAN et son NG272 (présenté en Allemagne dès 1990) dont 43 exemplaires vont circuler à Bordeaux.

En 1995, Heuliez Bus travaille avec Volvo pour concevoir son nouvel articulé. Le GX417 sera produit à 170 exemplaires jusqu'en 2000.

En 1997, RVI commercialise l'autobus Agora L. Il est reconnaissable facilement grâce à son vérin horizontal placé au-dessus de l'articulation. Cet équipement permet d'obtenir une meilleure stabilité. Plus de 1000 Agora L seront livrés en France de 1997 à 2005. Il a été remplacé par le Citelis jusqu'en 2013, qui lui aussi a été vendu à plus de 1 000 exemplaires en France.

En 1999, Mercedes-Benz débute les livraisons du Citaro G. Toujours commercialisé et régulièrement modernisé, il s'en est vendu plus de 1 200 en France.

Les bus articulés en France

Désormais, ce sont plus de 4 500 autobus articulés (hors trolleybus et autobus bi-articulés) qui circulent en France. Il n'y en avait qu'un peu plus de 3 000 en 2001. Le plus gros parc est celui de la RATP avec plus de 700 bus, suivi de Lyon avec près de 250, puis de Nantes (215). Viennent ensuite Bordeaux et Rennes avec environ 200, puis Lille et Rouen avec 130… Leur durée de vie est de 12 à parfois plus de 20 ans.

Autobus articulé à Clermont-Ferrand
Autobus articulé de 2017 en action à Clermont-Ferrand.

Certains réseaux équipés de bus articulés ont abandonné ce type de bus, c'est le cas de Versailles depuis août 2019, suite à la mise en place de la restructuration des lignes de bus. A Marseille, les bus articulés ont disparu en 1995 lors de la mise à la réforme des O305G. Il a fallu attendre 2012 pour revoir des bus à soufflet dans la cité phocéenne.

A l'intérieur d'un autobus articulé
A l'intérieur d'un autobus articulé.

Encore plus long : le bus bi-articulé

Pour avoir encore plus de capacité, on peut allonger le bus en lui ajoutant une caisse supplémentaire et une deuxième articulation. Pouvant mesurer jusqu'à 24,5 mètres de long (code de la route), les bus bi-articulés peuvent ainsi transporter plus de passagers (jusqu'à 200 sur la base de 6 personnes au m²).

Les premiers bus de ce type ont été les Renault Mégabus en circulation sur le réseau CGFTE à Bordeaux. Ces autobus de 1989 ont été réformés lors de la mise en service du tramway en 2007.

A Nancy, en 2000, 25 Bombardier TVR, des trolleybus bi-articulés intègrent la ligne T1 du réseau Stan. Ils seront réformés en 2023.

Ce n'est qu'en 2013 que d'autres bus bi-articulés ont été mis en service en France. Il s'agit des 30 Van Hool ExquiCity qui circulent à Metz sur les deux lignes du BHNS Mettis.

En 2015, 14 Van Hool ExquiCity 24 ont été livrés à la CFTU à Fort-de-France pour le TCSP.

Depuis octobre 2019, des bus électriques bi-articulés circulent sur la ligne 4 du réseau TAN de Nantes.

Autobus bi-articulé électrique à Nantes
Autobus bi-articulé électrique à Nantes.

À Nîmes, dix Van Hool ExquiCity 24 ont été mis en service en 2020.

Technique

Les deux sections d'un bus articulé sont reliées entre-elles par une articulation d'une longueur 1,6 m. Elle est constituée d'une couronne de pivotement et de vérins hydrauliques.

Il existe un angle maximum de brisure de l'articulation (46° sur les O 305 G) à partir duquel le bus se met en sécurité.

Détail d'une articulation d'autobus
Détail d'une articulation d'autobus (source : ATG Autotechnik GmbH).

De nombreux câbles et flexibles traversent l'articulation, en haut ou en bas. Sur les bus fonctionnant au gaz naturel, une conduite en toiture permet au gaz de passer des réservoirs, situés à l'avant, au moteur, situé à l'arrière. Un système électronique permet de gérer l'articulation.

L'habillage de l'articulation est réalisé avec un soufflet pliant, d'où le surnom populaire de "bus accordéon" pour ces véhicules. Depuis une dizaine d'années, le soufflet peut être translucide.

Les systèmes d'articulation sont fournis aux constructeurs par des équipementiers comme Hübner GmbH ou ATG Autotechnik GmbH.

Conduite

La conduite d'un bus articulé nécessite le même permis de conduire que pour tout autre véhicule routier de transport en commun de personnes. Néanmoins, les entreprises de transport prévoient souvent une formation interne spécifique à ce type de bus pour les agents amenés à en conduire.

Les angles morts sont encore plus importants que sur un bus conventionnel. Des systèmes de détection existent pour alerter le conducteur en cas de danger.

Autobus articulé équipé de Vision System
Autobus articulé équipé de Vision System (les deux boîtiers blancs).

Exploitation et infrastructures

L'usage des bus articulés peut être très différent d'un endroit à l'autre. Parfois, ils sont utilisés uniquement en période scolaire afin d'augmenter la capacité aux heures de pointe. Ailleurs, ils roulent toute l'année sur des lignes à très forte charge (ex : le TVM en Ile-de-France).

Dans certains cas, il est préférable d'ajouter un doublage (bus supplémentaire) plutôt que de mettre en œuvre un bus articulé. On peut ainsi éviter de faire circuler un bus surdimensionné en heures creuses.

Sur le réseau, les arrêts de bus doivent être adaptés avec des quais pouvant accueillir des bus de 18 mètres de long.

Le remisage de ces bus dans les dépôts nécessite aussi quelques aménagements, il est préférable d'éviter de devoir effectuer des manœuvres en marche arrière. A l'atelier, les travées de maintenance doivent être plus longues et le matériel de levage doit prendre en compte 6 points contre 4 pour les bus non-articulés.

Energies

Le gazole est le carburant de la plupart des bus articulés, leur consommation est de l'ordre de 50 à 70 litres / 100 km en fonction des conditions d'exploitation, du modèle de véhicule et de la technologie de dépollution utilisée. Depuis 1999, il existe des alternatives au Diesel avec les bus fonctionnant au GNV ou au biogaz.

Les constructeurs proposent aussi des véhicules 0 émission. En 1982, Renault a lancé le PER180 H, un trolleybus bi-mode, aussi équipé d'un moteur thermique. Il peut ainsi circuler en mode électrique sur les parcours équipées de lignes aériennes.

En 2009, la CTS a mis en service à Strasbourg le premier autobus articulé hybride de France, un Solaris Urbino 18. Les articulés hybrides sont équipés de la récupération d'énergie lors du freinage et d'un système start and stop. L'énergie, stockée dans des batteries, est ensuite utilisée lors du redémarrage du bus. La circulation en mode 0 émission est possible sur quelques mètres. Ces technologies permettent d'éviter de faire tourner le moteur au ralenti. La consommation de carburant est donc plus faible.

En 2018, Iveco Bus a présenté le Crealis en version trolleybus avec la technologie In Motion Charging (IMC). Ce descendant du PER180 H a troqué son moteur Diesel pour des batteries. Celles-ci se rechargent lorsque les perches sont reliées aux lignes aériennes. Le bus peut parcourir quelques kilomètres perches baissées, par exemple pour traverser un centre-ville.

Le premier bus articulé électrique à batteries de France a été mis en service en fin 2018 à Orléans, il s'agit d'un modèle vendu par BYD. Depuis 2019, des bus articulés Irizar ie tram circulent à Amiens et Bayonne. La recharge des batteries en électricité s'effectue pendant quelques minutes aux terminus.

Autobus articulé électrique Irizar
Autobus articulé électrique Irizar à Amiens : rechargement des batteries via un pantographe inversé.

Quid des autocars articulés ?

Dans le domaine de l'autocar, les véhicules articulés ont connu un moindre succès. A ce jour, seuls des autocars articulés à plancher bas sont proposés. Ces véhicules sont des modèles dérivés des autobus.

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Photos

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Solaris Urbino FilBleu
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Mercedes O405GN Bibus
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Irisbus Crealis 18 - Rouen

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