Du simple parking dans une zone industrielle au dépôt souterrain en centre-ville, les lieux de remisage des bus et cars sont très divers. Dépôt-atelier, centre bus, centre d'exploitation et de maintenance… : les appellations sont multiples mais partagent l'objectif commun de participer au bon fonctionnement d'un réseau de transport public.
Ces sites logistiques regroupent les infrastructures nécessaires pour stationner les véhicules, permettre leur charge et assurer a minima l'entretien courant. On trouve plusieurs zones dans un dépôt :
La superficie d'un dépôt peut atteindre plus de 50 hectares.
Île-de-France mobilités nomme les dépôts Centres opérationnels Bus (CoB). Il en existe de plusieurs types en fonction de leur équipement.
Ces sites peuvent être protégés des intrusions en étant clôturés et équipés d'accès sécurisés (contrôle d'accès et système anti-intrusion). Ces dispositifs permettent d'éviter les vols et les dégradations. Des systèmes de vidéosurveillance sont installés dans la plupart des dépôts.
Les dépôts sont équipés de détecteurs de départs de feu permettant aux équipes une réaction rapide en cas d'incendie.
Les entreprises de transports qui exploitent plusieurs dépôts peuvent regrouper la remontée des alarmes dans un poste central de sécurité.
Les terrains et locaux sont généralement soit la propriété des transporteurs, soit mis à disposition des transporteurs par les collectivités. Concernant les transports urbains, les collectivités détiennent la plupart des dépôts.
Parfois, les contrats d'exploitation conclus avec les transporteurs comportent la construction d'un dépôt. À l'issue du contrat, le dépôt peut devenir propriété de la collectivité.
En Île-de-France, l'autorité organisatrice a racheté plusieurs dépôts aux transporteurs pour permettre de faciliter les procédures de mise en concurrence du réseau bus.
Des bureaux d'études et des cabinets d'architectes peuvent élaborer les plans des dépôts (insertion, gestion des flux, sécurisation…).
Le choix de l'emplacement pour un dépôt de bus ou cars est stratégique. Il en découle une partie de la productivité de son exploitant.
Si le dépôt est éloigné des têtes de ligne, le nombre d'heures et de kilomètres effectués à vide sera élevé. Depuis quelques dizaines d'années, les dépôts s'éloignent du coeur des villes ce qui peut conduire à une dégradation de la productivité.
À Royan, le petit dépôt situé à côté de la gare a été remplacé en 2014 par un dépôt moderne implanté dans une zone d'activités à Saint-Sulpice. Cette localisation génère 250 000 km à vide par an. En 2020, l'agglomération a lancé le projet d'un nouveau dépôt situé à proximité immédiate de la gare multimodale de Royan. Cette relocalisation devrait permettre de diminuer les kilomètres effectués à vide (haut le pied).
À Saint-Brieuc, en 2019, un nouveau dépôt a remplacé une installation devenu trop petite. Une étude a montré que ce déplacement entraîne plusieurs milliers de kilomètres à vide supplémentaires par an.
Dans certaines agglomérations, il existe plusieurs dépôts. La décision de construire un dépôt supplémentaire nécessite une étude approfondie des coûts d'aménagement et d'exploitation.
À Poitiers, plusieurs études ont été menées afin de savoir s'il était intéressant de construire un deuxième dépôt situé à l'ouest. Mais face au coût d'exploitation élevé d'un site supplémentaire de remisage (personnel sédentaire, bus de réserve…), ce projet n'a pas été validé.
À Rennes, en septembre 2016, un deuxième dépôt d'autobus (Mivoie) a été ouvert. Il a permis de libérer de la place sur le dépôt historique de la plaine de Baud pour permettre la réalisation de programmes immobiliers.
À Brest, le dépôt du tramway situé à l'ouest de l'agglomération accueille également quelques autobus. En revanche, il n'y a pas de maintenance sur ce site. Les véhicules sont entretenus au dépôt de bus (situé à l'est de l'agglomération).
L'affrètement de lignes permet de bénéficier de la localisation des dépôts d'autres transporteurs, limitant ainsi les kilomètres parcourus à vide.
Lorsqu'un site est devenu trop petit ou inadapté, une opération de démolition - reconstruction peut être menée.
À Bordeaux, le dépôt de Lescure est un site historique dédié aux transports publics. La métropole a lancé un chantier de 72 millions d'euros pour sa rénovation. La réhabilitation du site sera achevée en novembre 2023.
Dans le cadre de la transition énergétique, pour remiser et recharger des bus électriques ou au gaz, la rénovation des dépôts peut être nécessaire.
En mai 2023, la première pierre du Centre Opérationnel Bus (COB) de Mantes-la-Jolie a été posée. L'investissement, par Île-de-France Mobilités, se monte à 22 millions d'euros pour augmenter la capacité de stationnement 178 à 239 bus dont 40 bus articulés et passer au bio gaz. La capacité de l'atelier de maintenance sera aussi étendue. Le chantier doit durer 2 ans.
Le remisage peut être à l'extérieur ou couvert, partiellement ou totalement. Le remisage des bus est souvent dissocié de celui des voitures du personnel pour lesquelles un parking pour véhicules légers peut exister.
La capacité d'un dépôt est très variable, allant de quelques bus à plusieurs centaines.
Le centre-bus d'Aubervilliers (RATP) accueille plus de 330 bus, c'est le plus gros de France.
Chaque emplacement de stationnement est numéroté, généralement avec le numéro du bus qui doit y être garé. Pour le remisage de véhicules articulés, les emplacements sont souvent aménagés de manière à ne pas devoir effectuer de marche arrière.
Les emplacements peuvent être équipés d'une prise de gonflage pour maintenir la pression dans le circuit d'air. Ainsi, lors de sa mise en route, le bus sera opérationnel plus rapidement.
Dans le cas de bus électriques ou au gaz, on peut trouver une prise ou un tuyau pour assurer la charge des batteries ou le remplissage des bouteilles à chaque place.
Le remisage extérieur peut être couvert par des ombrières photovoltaïques. Les eaux pluviales des ombrières et des bâtiments peuvent être récupérées dans des cuves puis réutilisées pour le lavage des véhicules.
A Paris, dans certains dépôts RATP, le remisage des bus est souterrain, parfois sur plusieurs niveaux.
Au-dessus du dépôt, ces sites accueillent des bureaux et des logements. Cette mutualisation du bâti permet de financer l'opération de reconstruction.
Outre les emplacements de stationnement, on y trouve le poste de charge. Ce terme RATP désigne le ravitaillement en carburant mais aussi en ADBlue pour les véhicules qui en ont besoin.
Les réseaux équipés de véhicules GNV ont plusieurs possibilités : remplissage rapide (type station-service) ou remplissage lent (à chaque emplacement de stationnement). Le dépôt peut être une installation classée pour la protection de l'environnement (ICPE).
Les emplacements pour les bus électriques sont équipés d'une borne de recharge. Il en existe de plusieurs types (ex : chargeur double de 100 kW).
Dans ce cas, l'alimentation électrique du site doit être adaptée par Enedis.
L'incendie d'un véhicule et la propagation aux autres véhicules est un risque à prendre en compte. Les incendies dans les dépôts proviennent principalement de problèmes techniques ou d'une action criminelle.
Voici un aperçu des principaux incendies de bus et cars stationnés dans des dépôts :
Plusieurs techniques sont possibles pour laver les véhicules de transport en commun : du lavage manuel à la brosse télescopique jusqu'au tunnel de lavage.
Des solutions intermédiaires comme les mono-brosses et les portiques de lavage existent aussi. Les constructeurs préconisent de ne pas laver aux brosses les véhicules neufs, le temps du séchage de la laque ou après la pose de la découpe adhésive.
Certains dépôts sont équipés d'un système pour laver le soubassement des véhicules et prévenir ainsi la corrosion liée au sel.
Des systèmes de récupération avec décanteur permettent de recycler les eaux de lavage et ainsi de diminuer la consommation d'eau.
Le nettoyage intérieur des bus est effectué soit en interne par l'exploitant, soit les équipes d'une société spécialisée. Il a souvent lieu de nuit, un moment où une grande partie du parc est disponible. La journée peut être réservée à des opérations de grand nettoyage de quelques véhicules.
On trouve généralement une salle de prise de service pour les conducteurs, des locaux pour le service planning, le management et éventuellement la régulation.
Les agents de conduite ont aussi un vestiaire et un casier.
La régulation du réseau est souvent située dans les locaux de l'exploitation. Dans les plus gros réseaux de transport, le PCC est isolé. Les agents sont alors en contact avec les conducteurs par radio et peuvent visualiser l'état du réseau sur des écrans.
L'atelier est dimensionné en fonction des besoins : travées de maintenance, magasin de pièces détachées, cabine de peinture… L'équipement va varier en fonction des opérations à réaliser sur les véhicules : de l'entretien courant à la maintenance lourde. Plusieurs systèmes permettent de lever des véhicules, comme les ponts à fûts hydrauliques encastrés ou les ponts élévateurs à ciseaux électrohydrauliques. Une zone de tri des déchets est nécessaire.
Les autobus évoluent dans un milieu urbain où leur gabarit rend parfois difficile leur progression. Les constructeurs tiennent compte de ces paramètres et produisent des véhicules avec de nombreux éléments de carrosserie pouvant être facilement remplacés. La peinture d'éléments de carrosserie nécessite un équipement dédié : une cabine de peinture.
Les entreprises peuvent se constituer un stock de consommables et de pièces détachées les plus fréquemment utilisées. Plus le parc de véhicules est homogène et plus il est possible d'avoir un stock tampon de courroies, pièces moteur, de refroidissement, de direction, de pont, pour les essieux, de circuit d'air, mécaniques et pneumatiques de freinage et servitudes, de carrosserie, d'accessoires…
L'approvisionnement s'effectue chez les constructeurs mais aussi chez des revendeurs spécialisés qui proposent des pièces compatibles.
Certains dépôts sont le siège de l'entreprise de transport. À ce titre, on y trouve les bureaux des autres services du réseau (administratif, marketing, informatique…).
Des locaux sociaux peuvent aussi exister. Parfois, une cantine est située dans les locaux des dépôts.
En zone rurale, le dépôt le plus simple pour un autocar est situé chez son conducteur ! Mais tous les conducteurs n'ont pas la place permettant de stationner un autocar chez eux ou à proximité.
Les petites sociétés n'ont pas toujours un terrain pour garer leurs véhicules. De nombreux cars sont stationnés sur la voie publique, dans des zones industrielles ou sur des parkings poids-lourds.
Les véhicules stationnés à l'extérieur sont plus exposés au vandalisme et au vol de carburant.