Bilan des immatriculations de bus et cars en 2024
Article publié sur transbus.org le par Olivier Meyer
Au cours de l'année 2024, 6 625 véhicules de transport en commun de personnes neufs ont été immatriculés en France d'après les chiffres publiés par le service des données et études statistiques (SDES) des ministères chargés de l'environnement, de l'énergie, de la construction, du logement et des transports.
Les immatriculations de 2023 s'élevaient à 6 062 en excluant les immatriculations frauduleuses générées au détriment de l'État pour une escroquerie aux subventions accordées pour l'électrification du parc des véhicules lourds.
Entre 2023 et 2024, le marché des autobus et autocars est donc en forte hausse : + 9,3 %. Géographiquement, les évolutions sont contrastées, avec des augmentations marquées, + 50 % dans les régions ultramarines, + 44 % en Bourgogne-Franche-Comté, + 33 % en Ile-de-France, mais aussi avec des baisses importantes notamment - 32 % dans les Hauts-de-France et - 20 % en Centre Val-de-Loire et en Occitanie. Ces variations régionales s'expliquent principalement par l'effet des appels d'offres dans le transport interurbain, selon que les contrats viennent d'être renouvelés ou non.
Pour les bus et les cars, la principale évolution réglementaire a eu lieu le 7 juillet 2024 avec l'entrée en vigueur du règlement européen GSR II pour tous les autobus et autocars neufs. Les constructeurs ont dû faire évoluer leurs modèles pour s'y conformer.
Le Comité des Constructeurs Français d'Automobiles (CCFA) a publié le détail des immatriculations bus et cars en France par marque sur un périmètre limité aux véhicules de la catégorie M3 en France métropolitaine.
Bluebus, le constructeur français de bus électriques, voit ses immatriculations bondir avec la livraison du solde de la commande RATP (modèle de 12 mètres) et les ventes de son modèle de 6 mètres.
La marque Heuliez, qui produit uniquement des bus électriques, termine l'année avec 310 bus neufs immatriculés en France, en hausse de plus de 20 % par rapport à 2023.
Le constructeur MAN Truck & Bus (marques MAN et Neoplan) a enregistré peu d'immatriculations d'autocars depuis le passage à la norme GSR II en juillet 2024. La marque MAN termine l'année 2024 avec 404 immatriculations de bus et cars (566 en 2023).
Le néerlandais VDL Bus & Coach n'a immatriculé que 12 véhicules. Le groupe a repris une partie des activités du constructeur belge Van Hool qui a immatriculé 36 autocars de tourisme en 2024.
Les constructeurs turcs tirent leur épingle du jeu avec leur politique de stocks et des délais de livraison courts. Le CCFA indique une hausse de 37 % des immatriculations pour Temsa et de plus de 14 % pour Otokar. Seul Isuzu voit ses immatriculations diminuer très légèrement.
L'année 2024 est aussi celle des dernières immatriculations pour quelques modèles, comme l'autobus électrique Alstom Aptis, les autobus Scania Citywide, les cars de tourisme Volvo 9700 (qui reviendra en 2026) et 9900, et certains autocars des gammes EX et T de Van Hool.
C'est aussi l'arrivée sur le marché français de nouveaux modèles, comme l'autobus électrique Kasran eATA, les minibus électriques Tremonia City 45 Electric et W-Smile (commercialisé par Omnicar), les autocars électriques Temsa (LD 12 SB E et LD 13 SB E) et Yutong T12E.
Autobus, un marché stable en volume
Sur le marché de l'autobus, le nombre d'immatriculations évolue peu par rapport à 2023. Le volume reste insuffisant pour faire baisser la moyenne d'âge du parc de bus qui dépasse les 8 ans au niveau national. La transition énergétique se poursuit avec une hausse des immatriculations de bus électriques à batteries. En parallèle, le nombre de bus neufs au gaz naturel diminue plus fortement que celui des bus diesel (y compris hybrides). Aucun bus à hydrogène n'a été immatriculé en 2024.
La part de marché du constructeur Iveco Bus dépasse les 55 % avec ses marques Iveco et Heuliez.
Plus de 45 % des autobus immatriculés en 2024 appartiennent à Île-de-France mobilités ou à l'EPIC RATP. L'année 2024 a été la dernière avec des immatriculations d'autobus par l'EPIC RATP. Les bus et cars sont désormais tous achetés par Île-de-France mobilités via la CATP et mis à disposition des opérateurs. À noter que la RATP vient de dépasser les 1 000 bus électriques en exploitation sur le réseau francilien.
Autocars, un marché en croissance
Concernant les autocars, on observe un net effet JO de Paris 2024 avec la forte hausse des immatriculations de minicars et d'autocars de tourisme, conjugué à la reprise du tourisme et au renouvellement d'autocars pour des services librement organisés (SLO). Cette tendance est notamment visible avec la hausse des immatriculations des marques Setra (66 autocars) et Irizar (130 immatriculations, sans compter celles des véhicules sur châssis Scania). En volume, le Mercedes-Benz Tourismo RHD est le leader sur le segment des autocars de tourisme, suivi du MAN Lion's Coach. Le très réduit marché des autocars à étage est dominé par le Setra S 531 DT. Pour le transport interurbain et scolaire, l'Iveco Crossway avec ses multiples longueurs et motorisations devance largement ses principaux challengers Mercedes-Benz Intouro, Temsa LD SB et MAN Lion's Intercity. Le segment de l'autocar low-entry est aussi dominé par Iveco avec le Crossway LE.
L'Otokar Navigo est le leader du marché des midicars. Enfin, sur le créneau des minicars, le Mercedes-Benz Sprinter, aménagé par différents carrossiers, dépasse l'Iveco Daily. On note également l'immatriculation de près de 200 minicars Ford Transit.
Le marché des bus et cars évolue dans un contexte de lente reprise de l'industrie suite à la crise Covid-19 qui avait mis à l'arrêt plusieurs chaînes de production, de changement de stratégie de plusieurs constructeurs et d'industrialisation difficile de la production de nouveaux modèles de bus électriques par des acteurs émergents. En fonction des modèles et de leurs spécificités, les délais entre la commande d'un véhicule et sa livraison peuvent atteindre deux ans dans certains cas.